Visite au « Jardin » de la Bible
Plantes et Fleurs, compagnes de l’homme, agrémentent et embellissent son environnement. Savez-vous que, dans la Bible, se cache tout un jardin ? Vous connaissez, sans doute, le Jardin d’Eden et celui de la Jérusalem céleste ; aussi, je vous invite, maintenant, à partir à la découverte de quelques plantes et fleurs nommées au fil des pages de la Bible.
Car, la Parole de Dieu se dit, entre autres, à travers les plantes, mais ce qu’elle en dit, elle le dit de manière biblique, dans le cadre de la relation à Dieu.
Rejoignons les Hébreux qui, après bien des déceptions, peuvent enfin sortir d’Egypte. Ceux qui acceptent de suivre Moïse vont, avant d’effectuer le passage de la Mer Rouge, préparer un repas bien particulier constitué d’herbes amères (1), chicorées sauvages ou cultivées que l’on trempait dans une bouillie formée de figues, de dattes, d’amandes et de vinaigre, rappelant l’amertume de la servitude d’Egypte. Ce repas était précédé d’un rite de purification avec un bouquet d’hysope (2), plante aromatique servant à l’aspersion lors de rites de purification (3) « Purifie-moi avec l’hysope et je serai pur » chante le Psaume 50 (4).
Durant la traversée du désert, les Hébreux vont regretter la nourriture d’Egypte et en particulier les concombres, qu’ils vont ensuite cultiver dans les champs. Jérémie met en garde contre la séduction des rites païens dont les dieux ont peu de consistance, tels « un épouvantail dans un champ de concombres » (5).
Avant d’entrer en Palestine, les fils d’Israël envoient des émissaires en reconnaissance ; ceux rapportèrent un sarment et une grappe de raisin ainsi que des grenades et des figues (6), symboles de prospérité et de richesse. En effet, le fruit du grenadier est un des meilleurs produits de Palestine, symbole de fécondité, de postérité nombreuse et par conséquent de prospérité. On le retrouve ainsi dans la décoration des chapiteaux et colonnes du Temple.
Quant au figuier, il est l’arbre généreux et secourable par excellence. L’expression « vivre sous le figuier » signifie vivre en paix, dans le bien-être. De plus, le figuier est le symbole de la Bible elle-même. Dans la Bible, comme dans le figuier, on finit toujours par trouver un fruit qui calme sa faim, faim de vivre comme de savoir. Nathanaël sous le figuier est un véritable israélite aux yeux de Jésus, c’est un homme qui cherche Dieu et qui, en le cherchant, trouve la paix.
La vigne, elle, est très présente dans la Bible depuis Noé qui planta le premier un pied de vigne au sortir de l’Arche(7). La vigne et le vin sont les symboles de la joie, de l’Esprit Saint, de la Sagesse et de la vérité qui découlent de la connaissance de Dieu. L’allégorie de la vigne est très souvent utilisée dans le Nouveau Testament car les juifs connaissaient l’oracle d’Isaïe(8) comparant l’Israël de Dieu à une vigne plantée et soignée par le Seigneur ! « Je suis la vraie vigne » (9) se définit Jésus lui-même.
Cependant, le terrain a son importance pour produire du fruit. « Cueille-t-on des raisins sur un buisson d’épines ou des figues sur des chardons » demande Jésus à ses interlocuteurs (10). La Palestine, en effet, est riche en chardons de toutes sortes et les plantes épineuses y abondent depuis la création : « Maudit soit le sol à cause de toi…il produira épines et chardons » (11) dit Dieu à Adam.
Mais, des plantes utiles à la nourriture des hommes poussent sur le sol et servent même de comparaisons à Jésus lorsqu’il interpelle les pharisiens et leur reproche leur attitude –« Malheureux êtes-vous…vous qui versez la dîme de la menthe, du fenouil ( Aneth) et du cumin, alors que vous négligez la justice, la miséricorde et la fidélité » (12)- ou bien lorsqu’il s’adresse aux foules : « A quoi allons-nous comparer le Royaume de Dieu ?...à un homme qui jette la semence en terre… »(13). Le blé, l’orge, nourriture des pauvres, le grain de sénevé ou de moutarde ont souvent été utilisés par Jésus pour faire comprendre son enseignement à ses disciples.
Des plantes mais aussi des fleurs peuvent être relevées au fil des pages bibliques. Le prophète Isaïe, par exemple, décrit l’avènement d’un monde nouveau : « Je mettrai, dit Dieu, dans le désert le cèdre, l’acacia, le myrte et l’olivier… »(14).Surabondance de la Création !
Le lis des champs ou anémone rougeattire le regard par l’éclat de sa couleur au milieu de la verdure. Jésus le prend à titre de comparaison pour inviter chacun à se reconnaître aimé de Dieu. (15) Le lin aux fleurs bleues peut rivaliser avec le lis. Son utilisation est noble : il sert à la confection des vêtements et plus particulièrement pour les prêtres qui servent au Temple de Jérusalem. (16)
Parce qu’il est l’une des premières fleurs de printemps, le narcisse aux couleurs éclatantes de fraîcheur est une plante joyeuse annonçant le renouveau : « Qu’ils se réjouissent le désert et la terre aride, que la steppe jubile et qu’elle fleurisse. Comme le narcisse qu’elle fleurisse abondamment, qu’elle exulte, éclate en cris de joie. »(17).
Ecoutons au passage cette déclaration passionnée de Dieu pour son peuple : « Je serai pour Israël, dit le Seigneur, comme la rosée, il fleurira comme l’iris… »(18).
Il est impossible de clore ces quelques lignes sans mentionner le Cantique des Cantiques qui a la palme des comparaisons et du nombre d’espèces citées.
En conclusion, disons à la suite d’autres admirateurs des merveilles de la Création que « les véritables fruits de la Bible sont moins à croquer qu’à laisser mûrir dans notre cœur, que les fleurs de la Bible sont moins à cueillir qu’à orner notre intelligence, que les plantes de la Bible sont toutes des métaphores du véritable jardin où les hommes vivent en paix avec eux-mêmes ». (19)
Françoise Bonnaterre
Ursuline. Beaugency
1) Exode 12,8 2) Exode 12,22 3) Lévitique 14,4 4) Psaume 50,9 5) Jérémie10,3-5
6) Nombres 13,23 7) Genèse 9,20 8) Isaïe 5,1 9) Jean 15,1 10) Matthieu 7,16
11) Genèse 3,17-18 12) Matthieu 23,23 13) Marc 4,30 14) Isaïe 41,19 15) Luc 12,27
16) Ezéchiel 44,15-19 17) Isaïe 35,1-2 18) Osée 14,6 19) Christophe BOUREUX Les plantes de la Bible Introduction page 18.